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Appel à contribution • Remake/Reprise/Répétition, revue Marges

Revue Marges : Remake/Reprise/Répétition

Appel à contribution

•> Date limite : 4 juin 2012

Le mot remake désigne dans le langage courant un film prenant pour modèle un film antérieur. Il s’agit le plus souvent de reprendre un scénario déjà utilisé. Il peut être question également de réutiliser des décors, un metteur en scène, des acteurs, voire de refaire les plans ou le montage d’un film déjà tourné. Le remake réussi est-il celui qui est fidèle à la lettre, à l’esprit de l’original ou bien celui qui s’en démarque complètement ? La question du degré, de la modalité d’écart entre les différentes versions a une certaine importance, de même que le fait de connaître, de différencier, la nature des éléments repris et/ou adaptés.

L’idée de remake est-elle transposable à toutes les formes d’art ? Lorsque Picasso peint des Ménines d’après Vélasquez, s’agit-il d’un remake ? Que dire des nombreuses reprises (plus de quarante) qu’a faites Picasso sur ce thème ? Sont-elles des répétitions, des variations ou des versions ? Lorsque Fénelon ou Joyce s’inspirent d’Homère, s’agit-il de remakes ? Peut-on utiliser cette notion pour qualifier les traductions de tel ou tel livre d’une langue dans une autre, voire en français contemporain (pour des auteurs du Moyen-Âge) ? Lorsque Marina Abramovic choisit de refaire des performances des années 1960-70, s’agit-il de remakes ou bien de reprises au sens théâtral ? La question peut être étendue à toute nouvelle adaptation d’une pièce de Molière à la Comédie Française ou d’un opéra de Wagner à la Bastille. N’est-il pas significatif que ce que l’on qualifie ici communément de reprises ne se confond pas avec les répétitions qui préparent chaque spectacle ?

Dans le domaine des arts plastiques, ces questions rencontrent certains échos. On pense notamment aux pratiques académiques et à leur remise en cause à l’âge moderne. Longtemps cette question a été comprise sous l’angle d’une alternative entre fidélité et prise de distance par rapport à des modèles jugés canoniques. Plus récemment, la question de la reproduction à l’identique d’une oeuvre existante a donné lieu à divers développements ; notamment avec la vogue du simulationnisme et de l’appropriationnisme dans les années 1980 ou avec les expériences de reenactment de performances et de reconstitution d’expositions auxquelles on assiste depuis quelques années. S’agit-il de remakes, de reprises, de répétitions, d’actualisations, de variations d’une même oeuvre ou des versions constituant des oeuvres différentes ?

Selon Genette, l’hypertextualité décrit toute relation unissant un texte B (hypertexte) à un texte antérieur A (hypotexte) telle que B puisse être dit dérivé de A soit par transformation ludique (parodie, travestissement) ou sérieux (traduction, versification, adaptation scénique…) soit par imitation (charge, pastiche, continuation…). Si l’on s’en tient aux définitions que donne Gérard Genette de l’hypertexte, deux situations devraient sans doute être distinguées. L’une qui donne lieu à la production d’oeuvres identiques à d’autres oeuvres. Celles-ci sont parfois produites à partir d’un même modèle (éditions, photographies, exécutions d’après partitions ou scripts…), voire sous la forme de fac-similés reproduisant à l’identique les apparences d’un objet singulier (autographe). L’autre situation est celle où les oeuvres produites se démarquent ostensiblement de leur modèle ; qu’il s’agisse de transpositions ou de réinterprétations dans un but parodique, critique, contestataire, burlesque...

Différents axes de réflexion sont à envisager :

  • Évolution des définitions du remake, de la reprise, de la répétition dans le champ de l’art ancien (le modèle de la Grèce Antique, la mimesis… ), moderne (la satire, le pastiche…) et contemporain (l’ironie, le littéralisme, le simulationnisme, l’appropriationnisme…).
  • Application de ces notions dans et entre les différents domaines artistiques (musique, danse, théâtre, cinéma, arts plastiques…).
  • La question du rapport entre type et occurrences, multiples et/ou plurielles, pour les œuvres à notation.
  • Les usages spécifiques de la reprise, de la répétition et du remake pour les oeuvres relevant de l’esquisse, du script ou d’une partition : variation et/ou version autographique, allographique ; trajet entre allographie et autographie.
  • Modèles, archétypes, prototypes, stéréotypes culturels et artistiques.
  • Usages institutionnels, commerciaux ou frauduleux du remake ou de la reprise.
  • Études consacrées à des démarches artistiques spécifiques mettant en jeu la reprise, la répétition ou le remake.
  • (…)

Artistes contemporains relevant d’une pratique du remake, de la reprise ou de la répétition : Art & Language, Mike Bidlo, Pierre Bismuth, Braco Dimitrijevic, Hans-Peter Feldmann, Elmyr de Hory, General Idea, Sherrie Levine, Real Lessard, Mathieu Mercier, Jonathan Monk, Richard Pettibone, Tom Sachs, Ernest T., Gavin Turk, Sturtevant, Jean-Luc Verna…

La revue Marges fait prioritairement appel aux jeunes chercheurs des disciplines susceptibles d’être concernées (esthétique, arts plastiques, études théâtrales ou cinématographiques, musicologie, sociologie, histoire de l’art…). Cet appel à contribution a pour finalité une journée d’étude, dont certaines des contributions seront intégrées à une publication au sein d’un numéro thématique de la revue.

Les propositions devront nous parvenir sous forme d’une problématique résumée (5.000 signes maximum, espaces compris) avant le 4 juin 2012 par courriel à jerome.glicenstein@club-internet.fr.

Le texte définitif des propositions retenues devra nous parvenir avant le 1er octobre 2012 (40.000 signes maximum espaces compris). La journée d’étude aura lieu à l’INHA le 19 octobre 2012.

Les textes répondant aux critères de la revue (voir à ce sujet la page http://www.revue-marges.fr/marges/?q=node/30) seront publiés dans le numéro 16 de Marges, à paraître à l’automne 2013.

Pour de plus amples informations sur Marges ou pour consulter les anciens numéros : www.revue-marges.fr

Adresse : Marges c/o Département Arts plastiques
Université Paris 8, 2 rue de la liberté 93526 Saint-Denis cedex 2

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