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Traces du végétal
Université d’Angers, les 13, 14, 15 juin 2012.
•> Date limite de réponse à l’appel : 15 janvier 2012
Colloque pluridisciplinaire organisé dans le cadre du programme Confluences (Axe Cultures du végétal) de la Maison des sciences humaines de l’Université d’Angers avec la participation des laboratoires CERHIO (UMR CNRS 6258), CERIEC (EA 922), ESO (UMR CNRS 6590).
Donnée première de l’environnement de l’homme, le végétal est aussi un objet scientifique intéressant de multiples disciplines. Tout naturellement, c’est du côté des sciences de la vie qu’on aurait tendance à définir sa pertinence, mais plusieurs travaux entrepris depuis quelques années en sciences humaines, dans les arts, les langues et les littératures se sont également saisis de cet objet assez longtemps négligé dans ces domaines. Bénéficiant de l’intérêt pour les approches pluridisciplinaires, un tel objet semble devoir appeler un croisement plus systématique des méthodes de chacun. Pour autant, il demeure une composante circonscrite dans chacune de ces disciplines : aussi a-t-il paru légitime, pour ce colloque de Lettres et Sciences humaines, d’aborder le végétal en tant que trace.
La notion de trace ouvre à une certaine diversité : elle est une marque bien identifiable de quelque chose d’absent, mais peut alors se décliner soit comme une présence très réduite de quelque chose qui a largement, mais pas complètement, disparu, soit comme une représentation de cette absence. Elle correspond ainsi à une forme de présence réelle, mais aussi à une présence symbolique par la représentation ou par le souvenir d’un passé. Mémoire de quelque chose qui a existé, elle revêt une dimension culturelle qui se révèle aussi marquante pour l’avenir. Ainsi la trace peut-elle aussi être comprise comme un signe qui se livre à l’interprétation : à partir d’elle, plusieurs voies interprétatives se dessinent, celle des retrouvailles avec un passé que l’on voudrait reconstituer au plus près, mais aussi celle, moins uniforme, d’une disparition progressive et partielle de ce passé. L’important ne réside pas seulement ici dans ce qui a vraiment existé autrefois, mais aussi dans ce qui a disparu ou s’est modifié au fil d’une histoire du vivant, de la mémoire et de la culture. On n’omettra pas un dernier sens du mot interprétation qui pourrait se déployer à propos des traces du végétal, celle de l’interprétation en tant que création qui s’appuie sur un passé pour produire du nouveau. Enfin, en tant que représentation, la trace est porteuse d’une altérité dans la conception comme dans le regard : image d’autrefois, elle est aussi marquée par un déplacement qui est comme un ailleurs.
Dans le domaine de la littérature et des arts, les traces que laisse le végétal peuvent être de l’ordre du motif, plus ou moins lesté d’une charge culturelle, et aussi plus ou moins développé, parfois au détour d’une page ou d’un coin de toile, mais aussi au premier plan, comme dans le cas de telle figuration allégorique ou dès le titre d’un texte littéraire. D’oeuvre en oeuvre, les espèces reviennent, identiques pour certaines à travers les époques, mais aussi parfois étonnamment inscrites dans une période et ses préoccupations ou ses découvertes : la mise en perspective des productions littéraires et artistiques avec les traités des botanistes, des médecins, pharmaciens ou alchimistes ainsi que les réflexions des paysagistes d’une époque est particulièrement souhaitée. On s’arrêtera aussi volontiers à la singularité du travail de tel artiste, qui, tout en traçant ce lien entre passé et renouvellement, sait ouvrir une voie à l’utilisation du végétal. L’imaginaire linguistique est lui aussi abondamment habité par les traces du végétal tant au plan lexical que par les structurations qu’il aide à suggérer.
Les approches historiques s’interrogeront sur le statut épistémologique des traces du végétal en tant que preuves, témoignages, supports de l’interprétation historique ou vestiges conservés et valorisés dans une perspective patrimoniale. Elles s’intéresseront aux sources archivistiques, archéologiques, paléontologiques, botaniques, mais aussi aux herbiers ou collections de ressources génétiques.
En géographie, s’il existe des formations végétales reliques, traces d’un état biophysique ancien du milieu, aujourd’hui disparu, elles peuvent également être la marque de pratiques de gestion et de mise en valeur par les sociétés, en cours de mutation ou révolues. Élément de marquage de l’espace, elles peuvent alors faire l’objet de processus de patrimonialisation lorsqu’elles sont identifiées, perçues comme identitaires des régions concernées. C’est le cas des formations de bocage ou de certaines forêts par exemple. Ces formations végétales héritées à la fois de l’histoire naturelle et d’une profonde humanisation, peuvent être qualifiées de culturelles. Leur origine et leur genèse posent alors de nombreuses questions.
Les communications attendues, sans se borner au travail d’inventaire, pourront s’appuyer sur celui-ci afin de privilégier une approche interprétative des traces du végétal. Elles pourront soit s’inscrire majoritairement dans un domaine relativement circonscrit, soit mettre en relation différents domaines à travers la problématique du colloque.
Les propositions contenant un titre et de dix à vingt lignes de présentation sont à adresser avant le 15 janvier.
Contacts :
cristiana.pavie@univ-angers.fr - CERHIO
nucia.taibi@univ-angers.fr - ESO
Isabelle.Trivisani@univ-angers.fr - CERIEC
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