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L’Acte interprétatif et les oeuvres littéraires, cinématographiques, picturales, etc.
Lyon, 5 et 6 avril 2012.
Date limite •> 13 juillet 2011
Dans « Les Genres du discours » (dans Esthétique de la création verbale), Bakhtine livre quelques propositions à propos de l’interprétation. Après avoir écarté le mythe du destinataire passif, qui ne serait que le récepteur d’un message, il juge au contraire que « l’auditeur adopte […] une attitude responsive active ». Il met ainsi en valeur la part d’activité de celui qu’on ne peut plus considérer comme un destinataire, et qui est devenu un véritable interprète. Plus encore, dans une logique évidemment dialogique, Bakhtine juge que « toute compréhension est prégnante de réponse ». Ainsi l’écoute, la « réception », même si elle n’est pas explicitée par une réponse ou une interprétation expressément exprimée, installe l’énoncé dans une logique interactive. Un peu plus loin, Bakhtine déclare en outre qu’« un énoncé doit être considéré, avant tout, comme une réponse à des énoncés antérieurs à l’intérieur d’une sphère donnée » ; de telle sorte que l’activité de réponse, comprise nous l’avons vu comme une interprétation, constitue le coeur de toute activité énonciative, qu’elle se concrétise par la formulation d’un énoncé ou qu’elle demeure non formulée.
Le sujet de ce colloque sera L’Acte interprétatif et les oeuvres littéraires, théâtrales, cinématographiques, etc. Il sera placé sous les auspices non du seul Bakhtine, mais d’une pensée de l’interprétation à laquelle « Les Genres du discours » ont contribué de manière particulièrement marquante. D’autres théoriciens de renom, comme Stanley Fish, le penseur des communautés d’interprétation, Jauss et la question des horizons d’attentes, Wolfgang Iser et la construction du texte lu, Henry Jenkins, spécialiste des réponses et réinterprétations du public des industries populaires, ou Judith Butler, philosophe de l’interpellation, sont comme des références de premier plan pour notre propos. Et l’héritage des Cultural studies pourrait lui aussi être évoqué, comme celui de la théorie des actes de discours, parmi lesquels les travaux de Mary Louise Pratt. On voudrait, dans la continuité de ces recherches, envisager la place centrale de l’acte interprétatif dans la création aussi bien que dans la compréhension de l’oeuvre.
• Parmi les questions susceptibles d’être abordées, on évoquera la question de l’intériorisation dans le processus de création de la dynamique interprétative : considérer les créateurs comme des interprètes, est-ce comprendre autrement la production ? À quels contextes réagissent-ils, qui suscitent leurs réponses sous forme d’oeuvre ?
• L’oeuvre elle-même est-elle une réponse localisée dans le contexte lié à son apparition, ou peut-on la « délocaliser » pour lui donner du sens dans les contextes de publics non contemporains, par exemple dans la logique d’actualisation qui semble avoir aujourd’hui quelques défenseurs parmi les théoriciens de la littérature ? Comment comprendre ce pouvoir du langage de n’être pas complètement astreint à sa propre contemporanéité, et la possibilité, pour l’acte interprétatif, comme le dit ailleurs Bakhtine, de « délivrer » un auteur « captif » de son époque ?
• Bien entendu la question de l’interprétation des oeuvres par des publics est directement concernée par les propos de Bakhtine. Comment analyser « l’activité responsive » des publics interprètes ? Comment comprendre le processus cognitif qui permet de constituer une interprétation ? Comment alors conduire une enquête sur les interprétations compréhensives sans les réduire à un « goût » ou à un « intérêt » ? Comment enfin analyser la pluralité des interprétations ?
Ces questions et sans doute beaucoup d’autres peuvent faire l’objet de projet d’interventions théoriques qui les affrontent ou d’études de cas qui les développent. Elles concernent aussi bien l’historien que le littéraire, le sociologue que le sémioticien.
Les propositions sont à transmettre avant le 13 juillet 2011 à l’adresse suivante : sonia.cabrita@univ-lyon3.fr
Les décisions du comité scientifique seront transmises courant septembre.
Comité scientifique :
Michèle Bokobza-Kahan, Yves Citton, Christine Detrez, Jean-Pierre Esquenazi, Marc Hersant, Jacques Leenhardt, Philippe Le Guern, Pierre Le Quéau, Nathalie Grande, André Petitat, Jérôme Thelot.
Organisation générale :
Jean-Pierre Esquenazi, Marc Hersant, au sein de MARGE, Centre d’Études des Dynamiques et des Frontières Littéraires.
Url de référence : http://www.univ-lyon3.fr
Adresse : Université Lyon 3,6 cours Albert thomas69355 Lyon cedex 08
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