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La perception, entre cognition et esthétique
Vendredi 25 et Samedi 26 Mars 2011, Salle des Thèses, Université Paris-Est Créteil
Date limite de réponse à l’appel •> 15 décembre 2010
L’objectif de nos journées d’étude est l’examen de la perception et de sa double nature, située à la charnière de la cognition et de l’esthétique. Intéressée au mode de présentation ou de représentation du réel, une approche strictement cognitive se concentre généralement sur le « contenu perceptif » : relève-t-il davantage de la constitution du monde physique ou de la structure de notre esprit ? Constitue-t-il un intermédiaire entre le monde et nous, ou bien la perception est-elle un rapport causal direct ? Mais en mettant l’accent sur ce que l’on perçoit, ce type de questionnement omet le comment percevoir. La valeur du contenu perceptif par rapport à un idéal de perception directe, claire et distincte, sa valeur de connaissance ou sa « vérité », sont indissociables d’une prise au sérieux de l’expérience perceptive. Or, celle-ci est au fondement même de la naissance de l’esthétique. D’une part parce que la perception est la façon d’être au monde d’un sujet incorporé et qu’elle revêt une valeur existentielle, s’inscrivant dans ce qu’on a pu appeler une esthétique de l’existence. D’autre part parce que toute perception peut s’accompagner d’un jugement de goût, corroborant la thèse d’une grande fragilité de la dichotomie entre l’évaluatif et le déterminatif, entre la valeur et le fait. Enfin, parce que la perception ne saurait être séparée de l’imagination productive et de l’intuition.
C’est pourquoi on assiste depuis le XIXe siècle à une intensification des questionnements non seulement philosophiques mais littéraires et artistiques concernant le rôle des processus perceptifs dans la configuration des rapports entre le sujet et le monde, ainsi que dans l’activité créatrice. Qu’il s’agisse de l’esthétique scientifique inspirée des recherches empiriques en psychophysiologie, des théories de l’empathie, de la « pure visibilité » ouvrant la voie aux perspectives phénoménologiques, la perception est considérée comme centrale dans la genèse de l’espace et des formes et dans une conscience de soi indissociable d’une conscience de sa propre corporéité. La littérature a développé le recours à une sensibilité perceptive exceptionnelle (par exemple à travers la figure du poète « voyant »), quand ce n’est pas le texte qui devient objet perceptif lui-même (poème simultané, calligramme, etc.), destiné autant à être vu dans l’espace de la page qu’à être lu.
Ces journées s’adressent aux chercheurs, doctorants et postdoctorants, travaillant sur des questions reliées à la perception dans la philosophie, l’esthétique et la littérature. Nous accueillons les propositions d’interventions (résumés de 300 mots) avant le 15 décembre à l’adresse électronique suivante : perception.paris.est@gmail.com
Axes thématiques possibles (liste non exhaustive) :
• l’illusion perceptive et artistique
• le rapport entre l’expérience perceptive et l’imagination
• l’oeuvre littéraire comme moment d’une expérience perceptive particulière
• « voyance » et vision chez les artistes de la modernité
• le rapport entre théories scientifiques et théories esthétiques de la perception
• la normativité de l’expérience perceptive
Organisateurs : Adinel Bruzan, Jean-Marie Chevalier, Raluca Mocan et Roxana Vicovanu.
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