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Appel à texte : Revue Proteus, numéro 2 / Le rire en art
•> date limite : 15 Janvier 2011
« La comédie est, comme nous l’avons dit, une imitation d’hommes sans grande vertu – non qu’elle traite du vice dans sa totalité, puisque le comique n’est qu’une partie du laid. Le comique tient en effet à un défaut et à une laideur qui n’entraînent ni douleur ni dommage... »
Aristote, la Poétique, chapitre V
Territoire incarné des hommes de moindre vertu, le rire et sa provocation semblent dans la Poétique l’apanage des seuls ignobles. Si l’on considère l’influence d’Aristote sur l’art dramatique, il ne reste qu’à s’étonner de la prolifération d’œuvres comiques au cours des siècles et de leur popularité actuelle. En tant que plaisir vulgaire, le rire, émoi communicatif par excellence, a donc vertu fédératrice ; en art, il légitime l’inconséquence et la légèreté, s’accompagnant en effet d’une distanciation face à la gravité du quotidien qui en fait le prototype du divertissement agréable.
Cependant de nombreux auteurs méritent leur réputation de penseurs et rhéteurs par l’emploi pertinent qu’ils font du rire, ainsi la reconnaissance de Molière par l’élite intellectuelle ou l’aura spirituelle de Pierre Desproges. Il convient donc de relativiser l’inconséquence supposée du rieur capable d’apprécier les jeux les plus subtils de l’esprit. Henri Bergson a pour sa part reconnu au rire et à l’art cette même capacité à susciter une détente dans la pensée de l’utile, on peut ainsi se demander avec le philosophe à partir de quand la poursuite de l’efficacité atteint-elle l’excès qui révèle son ridicule ?
Ce numéro 2 de la revue Proteus se proposera d’étudier les paradoxes inhérents au rire : si des personnages aussi sérieux qu’Harpagon ou le malade imaginaire ont un pouvoir comique, inversement, le recours aux boîtes à rires trahit-il la relative incapacité du seul contenu à susciter l’amusement ? ou constitue-t-il un aveu de faiblesse de la part des auteurs ?
Tandis que les beaux-arts, en se consacrant à l’idéal du beau, se parent d’une certaine gravité, comment expliquer le rôle privilégié du rire dans l’art contemporain ? Lorsque la figure emblématique de la Joconde se voit affublée d’une moustache, la dérision se manifeste comme outil critique, mais l’art de la dérision est-il un art pour rire ? Le rire jaune quant à lui, parent du dégoût, a-t-il un lien avec le comique ? Et l’ironie fait-elle rire ? Enfin, quels outils déployer pour analyser l’humour qui se réduit le plus souvent à la simplicité d’un trait ?
Ces quelques questions serviront d’exemples préfigurant le contenu de notre prochain numéro.
Nous attendons vos propositions d’article d’une page environ en pièce jointe, anonymes, ainsi qu’une brève présentation de l’auteur située dans le corps du mail. (revue.proteus[at]gmail.com)
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