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APPEL À CONTRIBUTION
Date limite : 28 février 2010
Colloque interdisciplinaire international
21-22 octobre 2010
Auditorium Colbert, Institut National d’Histoire de l’Art
Grand Auditorium de la Bibliothèque nationale de France
Sous la direction de Béatrice Picon-Vallin et Martial Poirson
?La France est une des rares grandes nations de tradition théâtrale à ne pas s’être dotée d’un musée du spectacle, en dépit de la richesse de son patrimoine et de l’ancienneté de ses collections. Cette « exception française », dont il n’y a pas lieu de s’enorgueillir, s’explique en partie par la défiance du milieu théâtral lui-même envers toute forme de patrimonialisation d’un art considéré comme vivant, en partie par l’absence de volonté politique et de relais institutionnel à ce type de projet ambitieux. Alors que la plupart des nations de théâtre se sont dotées, parfois depuis très longtemps, d’institutions de ce type (Russie, Suède, Allemagne, Pologne, Italie, Japon, Allemagne, Etats-Unis…), cette spécificité française a tout lieu d’être interrogée aujourd’hui.??C’est la raison pour laquelle nous avons décidé de réunir chercheurs, professionnels de la conservation du patrimoine et praticiens du plateau, dans le dessein de mener une réflexion conjointe, tout en ménageant des conceptions, voire des convictions divergentes. Comédie-Française et Opéra de Paris ont longtemps eu un rôle moteur dans cette patrimonialisation du spectacle vivant. Aujourd’hui, ce devoir de mémoire envers l’éphémère du spectacle est devenu en France une préoccupation croissante au sein des théâtres et des compagnies, dont les enjeux politiques n’échapperont à personne. À l’heure où certains pays renoncent à une telle exigence (fermeture du Theatre Museum of London), elle apparaît pourtant plus que jamais nécessaire, tant du point de vue de l’identité des métiers du spectacle en crise que de la reconfiguration en cours des publics et de leur rapport au spectacle.??Il s’agira de chercher à comprendre, à la lumière de l’histoire du théâtre et des travaux récents en anthropologie, comment conserver à un objet scénique son efficacité symbolique particulière tout en lui offrant une seconde vie, après le spectacle, par son exposition, qu’elle soit temporaire ou permanente, dans un lieu de conservation soustrait aux exigences et à l’urgence de la création artistique. À la faveur de la révolution en cours dans le rapport au patrimoine, on s’interrogera aussi sur les points suivants : quelle contribution essentielle les techniques de mise en scène et de scénographie modernes peuvent apporter aux modes de conservation et de valorisation du patrimoine théâtral ; quelles articulations nouvelles sont envisageables entre pratiques artistiques, discours d’expertise et savoir-faire en matière de conservation… ??Dans la lignée de travaux issus d’une réflexion sur les rapports entre mémoire, patrimoine et spectacle vivant[1], ce colloque interdisciplinaire et international a pour objectif d’interroger, non pas tant la légitimité de la création d’une telle institution de conservation, dont le principe peut désormais être considéré comme acquis, que les conditions pratiques et matérielles de sa mise en oeuvre.????Trois aspects principaux mobiliseront notre attention : ????- La constitution historique des collections, des fonds d’archives et des traces des spectacles, source de l’institutionnalisation d’une mémoire sélective de l’histoire de la scène dans les musées du théâtre qu’il conviendra d’interroger, de contester, voire de compléter. L’histoire déjà ancienne de nombreux musées du théâtre russes nous semble de ce point de vue une source de questionnement féconde et utile. On cherchera à identifier la genèse (théâtres, artistes, compagnies, collectionneurs privés) et la nature de ces collections complètes ou incomplètes, parfois dispersées.????- Le traitement existant des collections par les musées : il s’agira de présenter et d’analyser les modes de valorisation des archives, des oeuvres et des objets rassemblés qui sont, le plus souvent, fragiles et facilement altérables, les liens crées par ces musées avec les publics. On confrontera à cette occasion les institutions de valorisation de la mémoire théâtrale à d’autres pratiques, savoirs et savoirs-faires muséographiques, en particulier, dans le domaine de l’anthropologie culturelle.????- L’exploitation possible de ces ressources grâce aux nouvelles technologies : on s’interrogera sur les interactions à inventer entre histoire du théâtre, travail de création, recherche de communication avec les publics, en mobilisant les ressources de l’audiovisuel, de l’informatique et des NTIC (nouvelles technologies de l’information et de la communication). On proposera de nouveaux modèles d’exposition et d’exploitation des fonds, afin d’impliquer davantage ces publics dans les processus de valorisation, d’actualisation de la mémoire théâtrale, nécessaire à la création et à la réception des oeuvres nouvelles.??????Prière de faire parvenir vos propositions de communication, comprenant un titre, une page de présentation et votre affiliation institutionnelle, avant le 28 février 2010 à Béatrice Picon-Vallin (picon-vallin@ivry.cnrs.fr) et Martial Poirson (martial.poirson@yahoo.fr).??????Comité scientifique : Marcel Bozonnet (metteur en scène, ancien Administrateur général de la Comédie-Française) ; Joël Huthwohl (Directeur du département des Arts du spectacle de la BnF) ; Béatrice Picon-Vallin (Directrice de recherche ARIAS-CNRS) ; Martial Poirson (Maître de conférence de l’Université Stendhal-Grenoble III et membre de l’UMR LIRE-CNRS), Agathe Sanjuan (Conservatrice-archiviste de la Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française) ; Anatoli Smelianski (Recteur du Studio -Ecole du Théâtre d’Art de Moscou) ; Pierre Vidal (Conservateur-archiviste de la Bibliothèque-Musée de l’Opéra de Paris) ; Jean-Pierre Vincent (metteur en scène).??????Partenaires : Années croisées France-Russie ; ARIAS-CNRS ; Bibliothèque-Musée de l’Opéra de Paris ; Département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France ; Société d’histoire du théâtre.??[1] Catherine Guillot et Martial Poirson (dir.), « Quelle mémoire pour l’éphémère ? », Revue d’Histoire du Théâtre, 2008-1 ; Béatrice Picon-Vallin, « Archiver le théâtre », Comédie-Française. Les Cahiers, n°30, 1999 ; « Les musées du théâtre », Revue d’histoire du théâtre, op.cit. ; « Archives, patrimoines et spectacle vivant », Revue de la Bibliothèque nationale de France, n° 5, juin 2000 ; Georges Banu, Mémoires du théâtre, Arles, Actes Sud, 1987.?
Responsable : Béatrice Picon-Vallin et Martial Poirson
Adresse : Université Stendhal UMR LIRE BP 25 38040 Grenoble cedex 9
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