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Danse et enfance.
Séminaire Interdisciplinaire. Organisé par Sandrine Le Pors et Aurore Heidelberger,
Université d’Artois, « Praxis et esthétique des arts » du laboratoire « Textes et Cultures »,
Lundi 16 mars 2015
•> Date limite : 9 janvier 2015
Le séminaire Danse et enfance est organisé par le groupe « Praxis et Esthétique des arts », au sein de l’équipe de recherche EA4028 Textes et Cultures de l’université d’Artois. Cette manifestation fait suite à plusieurs manifestations scientifiques organisées par notre équipe de recherche, parmi lesquelles : la journée d’étude « Figuration, dramatisation et point de vue de l’enfant dans le théâtre moderne et contemporain » organisée en 2012 et le colloque international « Alain Platel » organisé en 2014. Cette journée du 16 mars 2015 propose un temps et un espace de réflexion sur les relations entre danse et enfance et sur les liens qui unissent le corps dansant avec les diverses manifestations de l’in-fans c’est-à-dire ce qui, étymologiquement, n’a pas (encore) accès à la parole. Abordant ces relations sous l’angle des rapports multiples entre dramaturgies de l’enfance, présences de l’enfant en scène et enfant spectateur, trois principales pistes de réflexion guideront nos investigations :
1. Danser depuis l’enfance.
2. Danser avec (ou contre) l’enfant
3. Danser pour les jeunes publics
Il sera ainsi question non seulement de ces chorégraphes qui ne cessent d’interroger leur rapport aux territoires de l’enfance – qu’ils restent fascinés par l’horizon infini de leurs rêveries d’enfant ou qu’ils y puisent une forme de résistance et saisissent ce que l’enfance contient à la fois d’insondable et d’explosif – mais aussi de ceux dont l’enfance constitue une expérience fondatrice (de l’expérience d’Alain Platel comme psychopédagogue auprès d’enfants d’handicapés à l’influence qu’exerça chez lui les travaux de Fernand Deligny menés auprès d’enfants autistes, par exemple). On examinera les diverses porosités entre le monde de l’adulte et le monde de l’enfant telles qu’elles se manifestent au plateau (comme quand le corps s’enroule sur lui-même, se contorsionne, pousse des cris stridents dans un mimétisme avec le corps du nourrisson dans Mysteries of Love d’Erna Omarsdottir), notamment quand des jeux enfantins remontent à la surface des corps (de faire la course sur un skateboard à construire un immense château de sable dans Pour les enfants d’hier, d’aujourd’hui et de demain de Pina Bausch). On s’interrogera par ailleurs sur les temps et les espaces festifs ou sacrificiels de l’enfance dans la danse (le travail des sœurs Sagna dans Nuda Vita ponctué de jeux cruels et où des enfants racontent avec leurs mots un crime qui aurait été commis à l’encontre de leur grand-mère ou d’un autre enfant, mais les souvenirs demeurent embrouillés). Quels dérèglements des corps mettent en scène les dramaturgies de l’enfance dans la danse, comment font-elles émerger des instances ludiques mais aussi des « blocs d’enfance », comme le diraient Gilles Deleuze et Félix Guattari ?
Notre deuxième axe de réflexion portera sur l’enfant en scène, ses modalités de figuration, d’apparition, de présence ou de co-présence, la prise en compte ou non par les chorégraphes de la corporéité et de la motricité particulières de l’enfant (du ballet classique à la danse contemporaine) mais aussi sur l’enfant et son avatar marionnettique (tels les personnages hybrides créés dans les pièces de la compagnie Système Castafiore aux têtes de poupons greffées sur des corps adultes dans Le manuel du merveilleux). Dans ce cadre, on s’interrogera sur la place accordée au petit corps (vivant ou marionnettique), à la façon dont ce petit corps paraît, nous regarde et nous concerne et ce à quoi, nous regardant, il nous renvoie (« Eminemment humain parce que sa détresse annonce et promet les possibles. Son regard initial sur l’humanité, qui en fait l’otage de la communauté adulte, est aussi ce qui manifeste à cette dernière le manque d’humanité dont elle souffre, et ce qui l’appelle à devenir plus humaine » nous dit du nourrisson le philosophe Jean-François Lyotard dans L’inhumain, propos que reprend Boris Charmatz dans la présentation de sa pièce Enfant). On portera une attention particulière à ce qu’est une esthétique du corps à corps entre le petit corps et le grand corps de l’adulte (la manipulation et la domination du petit corps par leurs mères dans Puur ou inversement manipulation du corps adulte par la voix de l’enfant dans Talk to the demon de Wim Vandekeybus, par exemple). Comment danser avec ou contre l’enfant (voir les expériences menées par la danseuse et performeuse Anna Halprin qui inclut le corps d’enfant au sein de performance, en excluant tout rapport de domination pour privilégier un travail de collaboration). Comment un tel corps à corps traduit-il non seulement une tension ou une intensité de relations mais implique-t-il aussi une conduite pour les corps, petits et grands ? – un peu à la façon décrite par Peter Handke dans Histoire d’enfant quand le locuteur traverse le parc avec son enfant devenu prothèse sur ses épaules et que son corps, sa démarche et son regard s’en trouvent affectés et changent sa présence au monde. Comment, attentif à ce qu’est notre être ensemble, jouer avec ou de la différence du petit et du grand corps (Trois Générations de Jean-Claude Gallotta qui convoque à la fois le corps de l’enfant, celui de l’adulte et celui de la personne plus âgée). Examinant les enjeux que soulèvent le petit corps en scène, on s’interrogera enfin sur la question des genres : du corps asexué du nourrisson, au corps de petite fille, à celui petit garçon.
Le troisième axe proposera un état des lieux sur la danse et les jeunes publics : école du regard, actions de médiation en direction des jeunes publics et des adultes qui les accompagnent, ateliers d’éveil corporel, danseurs et chorégraphes-pédagogues, place des ateliers d’éveil au sein du processus de création ... Il s’agira de penser l’enfant spectateur de danse, y compris du tout petit, des dispositifs frontaux aux processus immersifs. Ce faisant, on reviendra également sur ces artistes qui revisitent leur répertoire par l’enfance (Jean-Claude Gallota propose avec L’Enfance de Mammame, une version jeune public de Mammame) de même qu’on examinera les conditions d’émergence – artistiques, politiques, institutionnelles – de la danse jeune public (ou tout public) contemporaine et la place occupée par la danse dans la création pour l’enfance et la jeunesse (création en plein essor comme peut en témoigner la mobilisation autour de La Belle Saison). Comment accompagne-t-on les artistes soucieux de tourner leurs créations vers l’enfance ? Comment les danseurs-pédagogues conçoivent-ils cette expérience en immersion ou en collaboration avec le monde de l’enfance ? Nous serons attentifs durant ce séminaire aux comptes-rendus d’expérience, mettant en jeu les jeunes publics et les danseurs-pédagogues.
Les propositions (1500 signes, espaces compris) comporteront un titre et un résumé ainsi que des mots-clés. Elles préféreront une approche monographique. Elles préciseront la rubrique choisie et seront accompagnées d’une brève bio-bibliographie de l’auteur. Elles devront parvenir en format Word et PDF par courrier électronique à la fois à Aurore Heidelberger (aurore.heidel@gmail.com) et à Sandrine Le Pors (leporssandrine@gmail.com) avant le 9 janvier. Réponse aux auteurs : le 9 février.
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