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Représentation de l’autre dans les médias et les arts
Colloque international organisé par le Master spécialisé « Communication des organisations », le groupe de recherche Littérature et communication, le Groupe Marocain de Sémiotique et Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Meknès les 4 et 5 décembre 2014.
Date limite : 15 novembre 2014
Incontestablement, de toutes les questions philosophiques et existentielles qui ont hanté l’imaginaire humain, celles qui se rapportent à l’Identité et à l’Altérité se trouvent en tête de liste. Ces deux notions sont sans doute les notions les plus sensibles, les plus épineuses, les plus complexes que l’homme n’a pas cessé de questionner, de revoir, de corriger, de compléter, de remettre en question, etc. Il n’existe aucune langue, aucune culture, aucune religion, etc. qui n’a pas interrogé ces notions et qui n’a pas cherché à en proposer des représentations.
Ce que l’on sait aujourd’hui avec plus ou moins de certitude, c’est que l’on ne peut pas parler d’Identité sans aborder la question de l’Altérité. Mais qu’est-ce que l’Altérité ? Tout comme l’Identité, l’Altérité se présente sous des contours difficilement saisissables et, partant, elle semble échapper à la définition. Quoi de plus normal, puisque l’Altérité est d’essence instable ? Comme le note Mostafa Benfares dans son livre Altérité, responsabilité et questions identitaires, l’Altérité « change en fonction du contexte culturel et exige le plus souvent des réajustements identitaires, des accommodements raisonnables pour assurer une meilleure intégrité. »
Les philosophes, les écrivains, les artistes du XXème siècle ont reconnu l’importance de l’altérité. Merleau-Ponty a fait de la question de l’Altérité une condition sine qua non pour établir une communication efficace. Il écrit dans Phénoménologie de la perception : « la communication s’accomplit lorsque ma conduite trouve dans son chemin son propre chemin. Il y a confirmation d’autrui par moi et de moi par autrui. » Segalen, pour sa part, a fait de l’Autre le meilleur moyen de réaliser ce qu’il a appelé « l’exotisme ». Pour lui, un véritable « exote » est celui qui éprouve une grande « jouissance » de l’écart irréductible entre sa propre culture et celle de l’Autre. Dans ce cas, il ne cherche pas à ramener l’Autre à la forme assimilable du Même. Mais il le décrit dans sa différence, se livrant ainsi à un « exotisme de l’écart ». Pour Emmanuel Levinas, « la seule valeur absolue c’est la possibilité humaine de donner sur soi une priorité à l’Autre. »
Il faut souligner que depuis la nuit des temps, l’Autre n’a pas cessé de susciter l’intérêt. Cet intérêt a pris différentes formes. Tantôt, l’Autre a été considéré comme un ennemi à craindre, voire même à combattre. Tantôt, il a été considéré comme un « sauvage », qu’il fallait « civiliser ». Rares sont les fois où il a été considéré comme objet d’admiration et de fascination.
Il va sans dire que l’Art d’une manière générale a accordé une place de choix à cette question si épineuse de l’Altérité. Les artistes à travers les âges ont présenté des représentations de l’Autre et ont fait, de ce fait, surgir divers questionnements d’ordre philosophique, éthique, religieux ou culturel. Ces représentations sont le résultat d’une prise de position, avouée ou non, consciente ou inconsciente, par rapport à cet Autre différent. Dans la majorité des cas, le descripteur adopte un point de vue centriste, celui du colonialiste pour qui l’Autre n’est qu’un barbare, qu’un subalterne. « L’un des objectifs du discours colonial, écrit à cet égard Homi Bhabha, est de construire le colonisé comme une population de types dégénérés sur la base de l’origine raciale, afin de justifier la conquête et d’établir des systèmes d’administration et d’instruction. » Dans certains cas, en revanche, par la mise en miroir ou le jeu d’opposition, la description de l’Autre permet d’interroger l’Identité, d’affiner certaines positions, de comprendre et de se comprendre.
Le colloque que nous organisons s’intéressera plus particulièrement aux différentes représentations visuelles de l’Autre dans les médias et les arts. Les rapports à l’Autre seront envisagés de diverses manières : le rejet, le dénigrement, l’aliénation ou au contraire la fascination, l’exotisme et l’idéalisation. Nous souhaitons également que les communications abordent la dialectique qui lie le Moi à l’Autre, l’Identité à l’Altérité. Dans la mesure où la question de l’Altérité concerne aussi bien le sociologue, le psychologue, l’artiste, etc., toutes les approches sont les bienvenues.
On pourrait envisager ainsi au moins les axes suivants :
1) Qui est l’Autre ? Où se situe la frontière qui sépare le même du différent ? Comment s’effectue la rencontre avec l’autre ?
2) La place de l’Autre dans les médias. Est-il instrumentalisé (discours orientaliste, discours colonial, discours exotique) ?
3) La place de l’Autre dans les Arts.
4) Représentation de l’Autre ou représentation de soi. Quel est le rapport entre l’identité et l’altérité ?
5) Hybridité et hybridation. Y a-t-il une représentation postcoloniale de l’Autre ? Comment se présente-t-elle ?
6) Représentation et genre. Comment les artistes ont-ils représentés la femme ?
7) Subjectivité et mensonge politique. Comment les médias sont-ils instrumentalisés pour servir une thèse particulière ?
Ce sont ces pistes et d’autres que le colloque se propose d’emprunter, en invitant littéraires, historiens et anthropologues à se pencher sur la question de l’altérité dans les médias et les arts.
Comité d’organisation :
Mokhatr Belarbi- Mohamed Bernoussi- Mohamed El Bouâzzaoui- Hassan Moustir- Mohamed Laouidat- Hanane Tchich- Hassana Zbir.
Comité scientifique :
Mireille Calle-Gruber –Eberard Gruber- Bernadette Rey Mimoso-Ruiz -Khalid Lazaare- Mokhatr Belarbi- Mohamed Bernoussi- Hassan Moustir – Khalid hadji – Abderrahim Kamal
Délai :
Les résumés de communications (500 mots en format Word 12 interligne simple) et un court CV sont à envoyer avant le 15 novembre 2014 à l’adresse suivante : mokhtarbelarbi@yahoo.fr
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