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Espace doctorants en danse

Appel à contribution • La performance narrative, 18 juin 2014, Paris

Journée d’études - La performance narrative

18 juin 2014, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3

•> Date limite : avant le 20 avril 2014

EA 4400 Ecritures de la modernité - équipe "Avant-gardes et modernité poétique"
13 rue de Santeuil – 75005 Paris
Salle Las Vergnas

Responsables : Lorraine Dumenil, Olivier Penot-Lacassagne

La question d’un hypothétique « retour du récit » a nourri de multiples débats ces dernières années : renarrativisation du texte romanesque, théâtre « postdramatique » accueillant de nouvelles formes de récit, œuvres plastiques contemporaines « racontant des histoires » comme en témoignent les récentes Biennales de Venise et de Lyon.

Nous voudrions étendre cette réflexion aux arts performatifs. Une telle entreprise tient à l’évidence de la gageure, l’émergence de la performance ayant historiquement été liée au double refus du texte et du paradigme représentatif, ainsi qu’à la seule présentation d’un corps en actes dans ce qui prenait la forme d’un événement (event). Certes, de Robert Morris à Joseph Beuys en passant par les représentants de Fluxus, nombreux sont les artistes qui ont exploré une certaine dimension « discursive » de la performance afin, notamment, de proposer un discours critique sur l’art. Mais les pratiques actuelles qu’on se propose d’examiner excèdent largement cette tradition de l’artist talk.

Des « performances didactiques » de Chloé Maillet et Louise Hervé aux « conférences-performances » d’Eric Duyckaerts et de Xavier Le Roy ; des « performances-fictions » de Laure Prouvost, Céline Ahond ou Walid Ra’ad aux « récits sonores » de Marcelline Delbecq, la performance est de nos jours singulièrement bavarde. Qu’ils investissent les territoires de la fiction, explorent les formes de l’art oratoire ou se livrent à une déconstruction critique des récits dominants, ces auteurs ont en commun d’élaborer des « espaces discursifs » qui se superposent aux seules situations corporelles. Ils dessinent ainsi les contours d’un nouveau régime narratif de la performance que cette journée d’études se propose d’analyser.

L’inclusion, dans la performance, d’un paramètre (le récit) sur le rejet duquel elle avait fondé son acte de naissance n’en modifie-t-elle pas la nature ? Si toute performance raconte quelque chose, est-il pour autant possible qu’elle soit en elle-même constituée d’un récit ? La mutation observée, qui confère à la performance une dimension plus expérimentale que subversive, n’affaiblit-elle pas son sens et ses enjeux ?

S’interroger sur la « performance narrative » implique de croiser deux lignes d’analyse. On étudiera, d’une part, les techniques, les mécanismes narratifs et les différents régimes discursifs en jeu dans ces dispositifs. On se demandera, d’autre part, en quoi l’acte de narrer peut constituer un « événement » performatif qui permettrait de donner aux pratiques contemporaines la place qui leur revient dans l’histoire de la performance.

Nous proposons trois axes de réflexion :

1) Les modes opératoires de la performance narrative :

  • Peut-on ébaucher une histoire propre de la performance narrative ? Et selon quels critères définitoires ? Ou doit-on la réinscrire dans une histoire générale de la performance dont elle déplacerait certains enjeux ?
  • En quoi la performance narrative se distingue-t-elle d’autres mises en jeu discursives qui peuvent également avoir lieu dans la performance ? Peut-on en dégager une typologie ?
  • De quelle manière la composante narrative redéploie-t-elle la scène de la performance et oblige-t-elle à reconsidérer le rôle du performeur et celui du public ?

2) Les formes de la narrativité propres à ce type de performance :

  • Quelles stratégies narratives se déploient-elles dans ces performances ? À l’aide de quels outils d’analyse les appréhender ?
  • Quel est le rapport entre la performance et le texte, que celui-ci la précède à la manière d’une partition, d’une ébauche préparatoire, d’un véritable script, ou qu’il en assure la reprise sous forme de publication ?
  • Qu’en est-il du phénomène de « transnarrativité » que l’on observe dans certaines performances où le récit est assuré aussi bien par la modalité discursive que par le recours au son, à l’image et aux gestes ?

3) Les fonctions de la narration performative :
Il s’agira notamment d’aborder :

  • la performance narrative comme outil de destitution des régimes discursifs et des formes de savoir corollaires ; l’appropriation, la parodie, l’enquête, la fiction critique.
  • la question de l’identité narrative et la dimension performative du récit de soi ; les enjeux du transfert d’une catégorie littéraire – l’autofiction – dans le domaine de la performance.
  • la mise en œuvre de « narrations spéculatives » ouvrant sur de nouvelles expériences et des manières de penser inédites.

Bibliographie indicative
Marc Berdet, Cécile Chamayou-Kuhn, Peter Krilles, Anne Kwaschik et Perin Emel Yavuz, Trajectoire, n° 3 : « Mondes en narration », 2009.
Claudia Breger, An Aesthetic of Narrative Performance, Ohio State University Press, 2012.
Judith Butler [1997], Le pouvoir des mots, Ed. Amsterdam, 2004.
Erika Fischer-Lichte, The Transformative Power of Performance, Routledge, 2008.
Jérôme Game (dir.), Le Récit aujourd’hui, Presses universitaires de Vincennes, 2011.
Hans-Thies Lehman [1999], Le théâtre post-dramatique, L’Arche, 2002.
Arielle Meyer MacLeod et Michèle Pralong (dir.), Raconter des histoires. Quelle narration au théâtre aujourd’hui ?, MétisPresses, 2012.

Modalités
La journée d’étude se tiendra le mercredi 18 juin 2014 à l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3.
Merci de soumettre votre proposition de communication (3000 signes maximum), accompagnée d’une brève notice bio-bibliographique, avant le 20 avril 2014 à lorraine.dumenil@univ-paris3.fr et olivier.penot.lacassagne@gmail.com

•> EA 4400 - Écritures de la modernité (littérature et sciences humaines)

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