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Espace doctorants en danse

Appel à contribution • Marge(s), 26 mars 2014, Aix-en-Provence

Marge(s)

Journée d’étude, mercredi 26 mars 2014, université d’Aix-Marseille (site Schuman à Aix-en-Provence)

•> Date limite : dimanche 15 décembre 2013

La marge, en permettant à la couleur d’apparaître comme inconnue, représentait le tableau lui-même en tant que moyen terme entre le lieu où je me trouve et le lieu idéal désigné par les taches.
Michel Butor

Les Chantiers de la Création (anciennement e-lla)s’intéressent au processus créatif, à l’œuvre en devenir ainsi qu’à ses déclencheurs inattendus. Après avoir interrogé l’erreur, la vacance, la passe, la provocation... la revue poursuit sa réflexion avec la marge, envisagée dans son rapport à la création et aux modes d’élaboration de l’œuvre.

Prise au sens premier (« espace blanc situé à l’extérieur du texte écrit »), la marge interroge la limite de l’œuvre. C’est un espace vacant qui peut être rempli, annoté, et participer de la sorte au processus créatif. Si ce qui est marginal est ce « qui apparaît dans la marge », le marginal se confond-il avec le paratexte ? Qu’il s’agisse des commentaires d’un écrivain, de corrections notées dans la marge d’une partition par le compositeur, de l’enluminure sur un manuscrit médiéval, des marges de celui-ci et de ce qu’on y a écrit ou dessiné, qu’il s’agisse même des étapes de la correction d’une loi, tous ces tracés sont à considérer : ils interrogent les marges en tant qu’espace où s’invente et se développe un work in progress.

Souvent définie par rapport au cadre, la marge est ce qui se tient au bord. Jacques Derrida, dans La Vérité en Peinture, questionne, avec la notion de par-ergon, l’espace pictural par l’à-bord : c’est à dire à partir de ces éléments-ornements, tels que le bord d’une table, le rideau ou la colonne, qui travaillent entre champ et hors champ, entre l’espace du tableau et l’espace réel. La marge relève alors du seuil, de l’entre-deux. Elle est un lieu de passages ; de transgressions, d’écarts, de différences. Si l’on peut penser la marge comme une frontière ou une limite, elle est surtout, à l’image du trait selon Heidegger, ce qui « tient ensemble des rives adverses ». Elle doit donc être appréhendée à partir des relations dynamiques qu’elle noue avec l’espace plastique d’une part, et entre celui-ci et l’espace du spectateur d’autre part.

Comprendre l’œuvre, son sens fondamentalement versatile, sa « pluralité de signifiés », c’est vouloir voguer d’eaux troubles en eaux claires, mais non sans une certaine marge de manœuvre. Pensons par exemple à de nombreux films de David Lynch, délibérément aporétiques : loin de baliser la route à suivre par l’interprète, ils tendent littéralement à marginaliser le spectateur, à le laisser sur le bas-côté pendant que le flux filmique suit son cours et résiste aux efforts de compréhension. La marge de manœuvre du récepteur par rapport à l’intention de l’auteur et au sein d’un espace de réception agencé par ce dernier est donc ici à considérer.

Enfin, la vie sociale et politique de nos sociétés semble entretenir l’illusion que marge et centre sont des entités nettement distinctes, séparées par un espace, certes poreux, mais suffisamment étendu et bien défini pour que soit établi un rapport hiérarchique entre ces deux pôles. Les rapports qu’entretiennent la marge et le centre sont, à la fois, des rapports de conflit et des rapports de dépendance. Cette dépendance, parfois poussée à l’extrême, nous montre la réelle imbrication de l’un et de l’autre, car, comme l’expliquait Michel Foucault dans Surveiller et punir, « ce que l’on observe dans les marges se construit au centre ». Qu’en est-il de l’influence du centre sur la marge ? de la marge sur le centre ? La marge n’est pas toujours un espace périphérique, elle émerge, elle apparaît, elle explose au cœur de la culture qui la définit ou la relègue. Cette ambigüité (qui n’est pas uniquement spatiale) est à questionner : la création est peut-être le premier passeur entre ces deux mondes qu’on dit opposés. On pourra s’interroger ici en particulier sur la distinction entre low art et high art telle qu’elle est posée notamment par Clement Greenberg, évaluer les rapports de force qui se nouent entre cultures marginalisées, sous-cultures ou contre-cultures, et culture dominante, ou encore entre culture de masse et culture légitime. Comment ne pas le faire, à l’heure où le jeu vidéo entre au musée, le graph dans le marché de l’art, où le hip hop rencontre sur la scène la danse classique ?

Conditions de soumission

Les propositions d’intervention dans les champs disciplinaires des lettres, langues, arts et civilisation sont à soumettre à
leschantiersdelacreation@gmail.com
avant le dimanche 15 décembre 2013.

Elles contiendront environ 500 mots, hors notes de bas de page. Les propositions d’installation plastique seront aussi examinées.

La journée d’étude se tiendra le mercredi 26 mars 2014 à l’Université d’Aix-Marseille (site Schuman à Aix-en-Provence) et sera suivie de la publication des actes dans le prochain numéro des Chantiers de la création à paraître en juin 2014. Les auteurs souhaitant publier dans les chantiers de la création à la suite de leur intervention devront remettre leur article (entre 20 000 et 30 000 caractères au format Word) au plus tard la veille de la journée d’étude du 26 mars.

Conditions d’évaluation

Le comité scientifique chargé de l’évaluation des propositions est constitué de doctorants, de Maîtres de conférences et de Professeurs d’Université :
Florence Bancaud,
Charline Bourcier,
Marianne Charbonnier,
Sophie Chiari,
Sébastien Denis,
Jean-Michel Denizart,
Sébastien Douchet,
Noël Dutrait,
Christine Esclapez,
Jean-Raymond Fanlo,
Grégoire Lacaze,
Nadia Mesli,
Adel Nouar,
Ines Oseki-Dépré,
Claude Pérez,
Evelyne Toussaint,
Anysia Troin-Guis,
Marc Weinstein.

Lieu : Aix-Marseille Université (AMU) - 29 avenue Robert Schuman, Aix-en-Provence, France (13100)

•> http://revues.univ-provence.fr/e-lla/

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