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Colloque international
L’engagement du spectateur
Université du Québec à Trois-Rivières,
22-24 mai 2014
•> Date limite : 30 septembre 2013
Les réflexions sur l’activité du spectateur se multiplient depuis L’école du spectateur d’Anne Ubersfeld (1996), qu’elles aillent dans le sens d’une historicisation de ses pratiques, visent une classification des esthétiques dans lesquelles il est plongé, tentent de tracer les contours de cette figure, essaient de cerner la relation qu’il entretient avec une performance donnée ou encore qu’elles cherchent à décrire l’activité (politique, esthétique, physique, psychologique, cognitive, etc.) à laquelle il s’adonne avant, pendant et après la représentation. À titre d’exemples, Catherine Bouko (2008) a pu parler du « spectateur postdramatique » et ainsi renouveler l’approche sémiologique de la réception, Josephine Machon explore les pratiques immersives en tant que lieu pour étudier la relation entre l’être humain et son environnement, Madeleine Mervant-Roux (1998 et 2006) a pour sa part montré l’importance de la frontalité dans les salles à l’italienne et cherché à revaloriser le rôle de veilleur-songeur dévolu à celui qui assiste à une pièce de théâtre, tandis que Florence March (2010) aborde la « relation théâtrale » à partir d’expériences spectatorielles concrètes. Pensons également aux Politiques du spectateur d’Olivier Neveux (2013), à la réinvention de sa sociologie par Ethis, Fabiani et Malinas (2008) à la faveur du Festival d’Avignon et à l’étude de sa présence dans la dramaturgie par Thomas Hunkeler (2002 et 2008).
Ces réflexions ont donné lieu à un renouvellement du lexique pour parler de la réception au théâtre. Yves Thoret a proposé le terme de « spectature » pour désigner en français « l’effet produit sur le public par le spectacle » (1993 : 11). Pour sa part, Dennis Kennedy qui convient qu’un « spectator is a corporeal presence but a slippery concept » (2009 : 3) adopte plutôt le substantif spectation, alors qu’un Bruce McConachie risque le néologisme spectating tout en s’efforçant d’expliquer le rôle de l’attention, de l’empathie, de l’émotion et de la culture dans la réception théâtrale. Son ouvrage Engaging Audiences (2012) incite également à concevoir les pratiques spectatrices en termes d’engagement. Pour l’auteur, la notion suppose une relation à deux sens, des créateurs et des spectateurs engagés dans une « communication performative ». L’engagement permet en outre de surmonter la sempiternelle opposition entre passivité ou activité du spectateur et d’aller au-delà de sa simple présence corporelle. Elle n’élude pas non plus l’émancipation politique abordée par Jacques Rancière (2008), mais elle est loin de s’y limiter. Cette métaphore invite plutôt à préciser la nature de cet engagement, les processus mentaux impliqués, les procédés auxquels les créateurs font appel pour l’obtenir et à quel type d’expérience esthétique et culturelle il est convié. Elle nécessite également d’ancrer la réflexion dans des théories, des modélisations, des concepts, des outils concrets permettant de l’appréhender. À cet égard, nous explorerons tant les relations particulières qui se nouent dans certains spectacles que les fondements théoriques à partir desquels on peut approcher les multiples pratiques où se manifeste l’engagement du public dans les arts de la scène.
Pour ce faire, nous privilégierons trois axes. Le premier invitera les chercheurs à se demander ce que nous disent aujourd’hui les disciplines et les approches interdisciplinaires sur les pratiques spectatorielles. Quels phénomènes éclairent-elles ou laissent-elles dans l’ombre ? Quelle attention accordent-elles à des notions comme l’attention, l’empathie, l’identification, l’émotion et l’interaction ? Est-il possible de dégager une poétique du spectateur d’une époque donnée ? En somme, quelles dimensions de la relation qui unit le théâtre et le public ces approches sont-elles en mesure de cerner ? Le second axe gravitera autour du cadre relationnel proposé du spectateur. Autrement dit, quel environnement et quel type d’expérience l’attendent ? Comment est-il préparé, guidé, orienté dans la réception de la représentation qui lui est destinée ? Par quels moyens et à l’aide de quels procédés ? Dans le troisième axe, on interrogera le degré de participation consenti par le public à l’expérience. Comment son adhésion au spectacle est-elle sollicitée ? Sur quelle base se fait-elle ? Quels modes d’adresse emploie-t-on à son endroit ? Une dissension est-elle possible ? Quel degré de participation est-il prêt à accepter ? Est-il même disposé à jouer un personnage ? De quelle marge de manœuvre jouit-il dans certaines esthétiques et comment ces pratiques peuvent-elles être distinguées les uns des autres ?
Modalités
Les propositions, de 300 mots au maximum, en français ou en anglais et accompagnées d’une brève notice biographique, doivent être envoyées, avant le 30 septembre 2013, à Hervé Guay, Université du Québec à Trois-Rivières (Herve.Guay@UQTR.CA) et à Catherine Bouko, Université Libre de Bruxelles (cbouko@ulb.ac.be).
L’acceptation des propositions sera signifiée au plus tard le 15 décembre 2013. La durée des communications est de vingt minutes. Il est à noter que deux festivals réputés, le Carrefour international de théâtre de Québec et le Festival TransAmériques de Montréal, auront lieu simultanément à proximité du colloque.
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